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CFDT Crédit Agricole Languedoc

Aider les jeunes à passer le cap de la crise

25 Juin 2020, 09:19am

Publié par CFDT CA Languedoc

• Dès septembre, 700 000 jeunes vont arriver sur un marché du travail dégradé.
• Un plan de soutien à l’emploi des jeunes est au menu des discussions entre les partenaires sociaux et le gouvernement.
• La CFDT revendique un « pack jeunes », accompagnement global des 18-30 ans, inspiré de la Garantie jeunes, comprenant des allocations pour les plus fragiles.

Aider les jeunes à passer le cap de la crise

Jamais les perspectives pour l’emploi des jeunes n’ont été aussi sombres. Dès avril, le nombre de jeunes au chômage augmentait de près de 30 % (contre 22 % tous âges confondus) ; et l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) notait une chute du nombre d’offres d’emplois destinées aux jeunes diplômés de 69 %. D’ici à la fin de l’année, 900 000 emplois pourraient être détruits selon l’Unédic. Dans une telle période, les employeurs jouent la prudence et tendent à différer le recrutement de profils juniors. Comment, dès lors, éviter à la génération 2020 de trouver porte close sur le marché de l’emploi ? « La jeunesse ne doit pas être la variable d’ajustement dans cette crise sanitaire, économique et sociale. L’emploi des jeunes est au cœur du travail mené avec les partenaires sociaux pour préparer le plan de relance. Il n’y aura pas de génération sacrifiée », affirmait la ministre du Travail le 4 juin.

Un engagement à maintenir en emploi ou à accompagner

Après l’apprentissage, qui a fait l’objet d’un plan de relance salué par la CFDT, ce sont les mesures de soutien à l’emploi des jeunes qui sont à l’étude. Les annonces devraient suivre en juillet. Première piste, le ministre de l’Économie s’est dit favorable à une prime destinée aux entreprises qui recrutent des jeunes en CDI ou en CDD de plus de six mois. « Nous préférons une prime à des allégements de cotisations sociales qui ne feraient que creuser le déficit et grever nos capacités de protection sociale, mais cette prime doit être soumise à conditions pour éviter les effets d’aubaine ou de substitution, explique Inès Minin, secrétaire nationale. Les entreprises doivent s’engager à garder les jeunes en CDI ou, s’il s’agit d’un CDD de six mois, à les accompagner à l’issue de leur contrat. » Les grandes entreprises dont les capacités financières sont intactes ne devraient pas en être bénéficiaires ni les groupes qui déclarent des plans de licenciements.

La CFDT propose de construire une véritable politique de soutien à l’emploi des jeunes en agissant sur plusieurs leviers, détaillés dans les 12 propositions pour la relance présentées lors de la rencontre du 4 juin avec le président de la République. La priorité pour sécuriser la situation des jeunes est le retrait de la réforme de l’assurance-chômage : l’ouverture des droits dès quatre mois de travail (au lieu de six au cours des vingt-quatre derniers mois) doit de nouveau être garantie afin d’éviter aux jeunes en fin de CDD ou aux intérimaires de basculer dans la précarité.

En vue d’aider les jeunes les plus fragiles à passer le cap de la crise, les Parcours emplois compétences (PEC, anciens contrats aidés), qui concernent 120 000 bénéficiaires, devraient être élargis à un public de 300 000 jeunes par an, pour une durée de vingt-quatre mois. Ils bénéficieraient aux Neet, sortis du système scolaire sans emploi ni en formation. L’ancienne formule des emplois aidés péchait par l’insuffisance d’un volet formation qui ne permettait pas aux jeunes de rebondir à l’issue de leur contrat. Ce défaut est en partie corrigé avec les PEC mais l’acquisition de compétences peut être améliorée, éventuellement dans le cadre de l’alternance. « Les Parcours emploi compétences doivent comprendre une formation sanctionnée par une certification de manière à inscrire les jeunes dans un emploi durable, souligne Inès Minin. Ces compétences pourraient par exemple aider les entreprises à prendre le virage de la transition écologique et numérique. » Augmenter le nombre de PEC est aussi une façon de soutenir le secteur associatif, mis à mal par la crise.

Un accès ralenti à l’emploi pour l’ensemble des jeunes

Si les jeunes ne constituent pas un public homogène, tous, y compris les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, verront leur accès à l’emploi ralenti. « L’accès à un premier emploi est déjà un parcours du combattant en temps normal, il faut au moins cinq mois avant d’y accéder, et bien plus pour un CDI, expliquait Orlane François, présidente de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), lors d’un débat Facebook Live organisé par la CFDT le 18 juin. Les étudiants boursiers n’auront plus leur bourse à partir de juin, pas accès ni au RSA ni au chômage car même ceux qui avaient des petits boulots n’ont pas cotisé suffisamment. La famille est là pour accompagner mais, on le sait, la crise impacte aussi les foyers. »

Accompagnement global, quel que soit le niveau d’études

Cette analyse est partagée par la CFDT, qui préconise un accompagnement global de tous les jeunes de 16 à 30 ans quel que soit leur niveau d’études, selon des modalités variables, assorties d’allocations selon leur situation, via un assouplissement de l’accès au RSA dont, à ce jour, les moins de 25 ans sont exclus. Cet accompagnement renforcé pourrait comprendre des aides au logement, au transport, des aides à la garde d’enfant(s). Le dispositif déjà existant du Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (Pacea) pourrait être élargi à cet effet. Cet accompagnement effectué par les missions locales (sa modalité la plus intensive est la Garantie jeunes) bénéficie aujourd’hui aux moins de 25 ans en difficulté. Des opérateurs spécialisés tels que l’Apec pour les jeunes diplômés pourraient, à l’instar des missions locales, concevoir des accompagnements adaptés. Reste que le principal moteur de l’emploi des jeunes se trouve dans la capacité qu’auront des entreprises à rebondir… « L’été va dire comment redémarre l’activité ; l’emploi saisonnier sera un bon indicateur, note Inès Minin. Nous appelons les entreprises et les branches professionnelles à s’engager dans ce défi de l’emploi des jeunes. Il en va de leur responsabilité sociale et sociétale. »

mneltchaninoff@cfdt.fr

photo : Réa