Le recrutement 2.0 tisse sa toile

3 Juin 2015, 23:04pm

Publié par CFDT CA Languedoc

Réseaux sociaux, Twitter, entretiens vidéo en différé... Les DRH des établissements financiers se convertissent peu à peu à ce type d’embauche.

Pour élargir le champ des possibles dans leur recherche de candidats, les DRH ont d’abord investi dans le sourcing sur les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn et Viadeo. ING Bank France a ainsi reçu par ce biais 20 % de ses 9.000 candidatures en 2014. « Cela fait maintenant cinq ans que nous diffusons des offres d’emploi sur nos pages LinkedIn et Viadeo, souligne Elise Tricon, responsable du développement RH d’ING Bank France. Au départ, les postes proposés concernaient les métiers qui avaient le plus d’affinités avec les réseaux sociaux comme le marketing et l’informatique. Aujourd’hui, nous avons généralisé le processus et certains postes sont désormais diffusés uniquement sur LinkedIn et Viadeo mais plus sur les ‘jobboards’. »

François Ladet, opérateur front-office à la Caisse d’Epargne Provence Alpes Corse à Marseille, a appris qu’ING Bank France recherchait un gestionnaire de portefeuille financier ALM de cette façon. « Etant abonné au fil IngbankfranceRH, j’ai reçu cette offre de poste qui correspondait à mon profil, raconte-t-il. Comme j’avais rencontré quelques années auparavant, lors d’un entretien, le responsable du service qui recrutait, je l’ai contacté directement via LinkedIn en lui joignant mon CV. Il faut croire que cette stratégie a permis qu’il se retrouve au-dessus de la pile puisque quelques jours plus tard, j’ai été invité à suivre le processus traditionnel de recrutement à l’issue duquel j’ai été embauché. » Pour maximiser l’impact des offres diffusées sur les réseaux sociaux, les DRH n’hésitent plus à mettre à contribution leurs collaborateurs, comme le confirme Cécile Deman-Enel, directrice du développement RH et du talent management d’Allianz France. « Notre Digital Academy et nos experts accompagnent les équipes RH et les managers dans la découverte des réseaux sociaux et la construction de leur profil. En retour, cela leur permet de partager leur vision d’Allianz, tout en diffusant nos offres d’emploi. »

Depuis quelques mois, c’est Twitter qui est mis à contribution par les recruteurs. La DRH du groupe Société Générale a ainsi participé, aux côtés de BNP Paribas, Crédit Agricole et Allianz France, à la première Journée européenne de l’Emploi organisée par Twitter le 24 février dernier. « Les résultats ont été bons, se félicite Arnaud Palancade, directeur adjoint du recrutement de Société Générale. Le jour de l’opération, nous avons enregistré 200 % d’augmentation de trafic sur notre site ‘careers’. » Signe que les réseaux sociaux prennent une place croissante dans les stratégies de recrutement, la DRH du groupe Société Générale a embauché l’an dernier un e-recruteur. « Cette personne, qui est une vraie ‘digital native’, passe toutes ses journées à rechercher des profils sur les réseaux sociaux et à approcher les candidats susceptibles de nous intéresser », précise Arnaud Palancade. Pour l’aider dans cette tâche immense, la DRH expérimente deux agrégateurs de profils, Talentbin et HiringSolved, des moteurs de recherche qui exploitent les technologies du big data pour interroger les bases de données des réseaux sociaux comme LinkedIn, les CVthèques des jobboards et Google.

Fluidifier les recrutements

Pour fluidifier les processus de recrutement et apporter plus de confort aux recruteurs et aux candidats, les DRH commencent à exploiter les solutions d’entretiens vidéo en différé comme Visiotalent ou Easyrecrue. Ces plates-formes permettent d’inviter par e-mail des candidats à répondre à quelques questions. Ces derniers peuvent se préparer comme bon leur semble et réaliser l’entretien vidéo via leur webcam quand ils le souhaitent. En sachant toutefois qu’ils ne connaissent pas au préalable les questions et qu’une fois l’entretien lancé, il n’y a aucune possibilité de revenir en arrière... « Grâce à ce type de technologie, nous avons pu supprimer les préqualifications par téléphone, précise Arnaud Palancade. Elles seront remplacées pour nos 2.000 alternants et 1.600 stagiaires que nous recruterons en 2015 par des questionnaires en ligne et des entretiens vidéo différés. » Dans le même ordre d’idées, depuis la fin de l’année dernière, tous les tests de logique et de personnalité sont désormais réalisés à distance pour éviter un déplacement aux candidats.

Anaïs Perez a été soumise à l’exercice de l’entretien vidéo en différé lors de son recrutement par la Banque Populaire des Alpes en tant que conseillère clientèle Entreprise dans le cadre de l’opération Alp’In. « Comme c’était une première pour moi, je l’ai préparé comme un entretien traditionnel. Pendant l’enregistrement, j’ai essayé de rester la plus naturelle possible et d’être réactive car le temps imparti pour répondre était très court, entre 20 et 30 secondes. Finalement, l’expérience s’est révélée aussi intéressante que surprenante car certaines questions pouvaient déstabiliser. On m’a par exemple demandé de présenter mon objet préféré... »

Après avoir passé avec succès cette première étape, Anaïs Perez n’était pas au bout de ses surprises. Elle a en effet été conviée à une session de recrutement pour le moins originale. « Sur le principe de l’émission ‘The Voice’, j’avais trois minutes pour me présenter à trois recruteurs qui étaient assis dans des fauteuils et qui me tournaient le dos. A la fin de ma présentation, personne ne s’étant retourné, j’imaginais que c’était terminé pour moi... En fait, comme j’étais la première à passer, et que l’exercice était nouveau pour eux aussi, ils n’ont pas osé se retourner. » Anaïs Perez garde un très bon souvenir de cette expérience qui a changé son regard sur le secteur bancaire. « Je pensais qu’il s’agissait d’un secteur plutôt froid, rigide et pas toujours très humain. J’ai découvert une entreprise moderne, qui n’hésite pas à innover dans ses ‘proccess’, et qui donne sa chance à des profils différents... Cette image positive a incontestablement joué dans ma décision d’accepter le poste que l’on me proposait... »