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CFDT Crédit Agricole Languedoc

1936-2016 : LES CONGÉS PAYÉS SOUFFLENT LEURS 80 BOUGIES !

30 Juin 2016, 23:05pm

Publié par CFDT CA Languedoc

1936-2016 : LES CONGÉS PAYÉS SOUFFLENT LEURS 80 BOUGIES !

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les congés payés, ce marqueur bien français de notre pacte social, n’ont pas été une innovation française, loin s’en faut ! Alors que nous fêtons en 2016 leurs 80 ans en France, il faut rappeler qu’ils ont été instaurés entre 1900 et 1930, en Allemagne, Norvège, Pologne en même au Brésil et au Chili…

Revivez 80 ans d'histoire (1936-2016) dans cette vidéo de l'Union Nationale des Associations du Tourisme et de plein air (UNAT)

Et si l’on a coutume de les faire figurer en France, au tableau de chasse des événements du Front Populaire, il faut rappeler aussi que cette revendication, bien que déjà apparue lors du congrès de la CGT 1926,  ne figurait pas dans le « programme des revendications du rassemblement populaire » adopté en janvier 1936 , tant l’idée « d’être payé à ne rien faire » était encore « inconcevable » pour des ouvriers totalement asservis par le travail. 

Le Front Populaire

Alors que, à l’exception de la métallurgie parisienne et de certaines entreprises de l’Oise, les cahiers de revendications rédigés par les grévistes avant le 6 juin n’évoquaient pas les congés payés, selon l’historien Pascal Ory, leur inscription dans la loi « fut largement une initiative personnelle de Léon Blum »[1]. C’est en effet Léon Blum en personne qui, devant l’Assemblée nationale le 11 juin, imposa cette loi qui fut votée le 26 juin 1936  par 563 voix contre 1 !

C’est ainsi que dès août 1936, les ouvriers bénéficièrent de 15 jours de congés payés soit 12 jours ouvrables. L’ampleur des conquêtes sociales de juin 1936 s’explique par une double réalité : d’un côté, un puissant mouvement social relayé par un syndicalisme uni et revigoré, héritier d’une grande ambition culturelle, et, d’un autre côté, une politique publique particulièrement volontariste notamment en matière d'éducation, de sport et de culture. Jean Zay, ministre de l’Éducation Nationale, fait construire des écoles, crée six mille postes d’instituteurs et fait voter une loi prolongeant la scolarité de quatorze à seize ans. De son côté, Léo Lagrange, le tout nouveau sous-Secrétaire d’Etat au Tourisme et aux Loisirs crée le Musée d’art Moderne, le Musée de l’Homme, le Musée des Arts Décoratifs, le Palais de la découverte, la cinémathèque. Il instaure le Brevet Sportif pour initier les écoliers aux activités physiques et sportives, rend le Louvre gratuit et crée l’IDHEC. Devant l’engouement des ouvriers pour les vacances, il instaure en 1937 le billet SNCF à tarif réduit, le « billet congés payés ».

A partir de 1938, commencent les années sombres avec le gouvernement Daladier, sans participation des socialistes et avec des ministres « modérés » ouvertement hostiles au Front populaire, alors que l’Italie Mussolinienne, l’Espagne Franquiste et l’Allemagne Hitlérienne préparent la guerre… 


[1] Cité dans Sous l’usine la plage, les 70 ans du Front populaire, Jean-Michel Leterrier, Les points sur les i, 2006.

La Libération de la France

Après ces premières expériences au cours des deux ans du Front populaire et la parenthèse de la guerre de  40,  les congés payés trouvent véritablement leur expression populaire à la Libération de la France, dans la dynamique du Conseil National de la Résistance qui, outre les Caisses de retraite et la sécurité sociale, initie la création des Comités d’Entreprise en 1945. 

Les CE et les vacances

Les CE ont alors un rôle prépondérant dans l’accès effectif aux vacances. Ils sont à l’origine de multiples initiatives en matière culturelle, sportive, touristique et de loisir notamment avec la création des colonies de vacances, des camps de vacances et plus tard des villages vacances.

Le besoin de repos, de vacances, est plus que jamais à l’ordre du jour au sortir de la guerre et c'est aux CE qu'échoit de réaliser ce que le Front populaire n’a pas eu le temps de concrétiser, à savoir la création d'un réseau de tourisme social.

Les tout premiers CE décident de mutualiser leurs moyens au sein d'une Fédération Nationale de Tourisme Social qui prend pour nom : « Tourisme et Travail ». Dès août 1946 « Tourisme et Travail » ouvre le premier centre de vacances dans le hameau de Theix près de Clermont-Ferrand. Les premières vacances à la neige eurent lieu en 1948 à Saint-Jean-de-Sixt, en Haute-Savoie. L’organisation des vacances pour adultes, qui répondait à une réelle aspiration, prit un rapide essor puisque, dès 1950, quinze nouveaux centres, situés dans les Alpes, dans les Pyrénées, en Alsace, sur la côte d’azur, en Charente, en Bretagne et en Gironde, virent le jour. En 1951, 25 villages de toiles accueillaient environ dix-mille personnes chaque été.

C’est grâce à leur comité d’entreprise qu’un grand nombre de salariés et leurs enfants ont découvert les vacances d’hiver, la haute montagne, pratiqué le ski, la plongée sous-marine ou le tennis. La panoplie des activités physiques et sportives proposées par les CE s’est depuis, substantiellement élargie au fil des années. Aux clubs de football se sont adjointes progressivement des sections cyclistes, rugby, tennis, nautisme, golf…

 

Des deux semaines de congés payés… à la cinquième semaine

En 1955, la Régie Renault, véritable « laboratoire social » avec, à sa tête, Pierre Dreyfus, accorde à ses salariés, une troisième semaine… Et, contre l’avis des pouvoirs publics, une quatrième semaine, sept ans plus tard. Elle entraîne dans son sillage plusieurs autres entreprises. « Vous n’avez aucun sens de la discipline, mais vous avez bien fait », confiera De Gaulle à Pierre Dreyfus.

Le gouvernement généralise cette mesure par les lois du 27 mars 1956 (Guy Mollet) pour 3 semaines de congés payé. C’est à la suite des événements de Mai 68 que Maurice Couve de Murville  accorde la 4ème semaine le 17 mai 1969.

En juin 1981, ce même Pierre Dreyfus devient ministre de l’Industrie du gouvernement Mauroy. Dès lors, la cinquième semaine de congés payés est sur les rails. Elle sera instaurée par l’ordonnance du 13 janvier 1982.