Transformation numérique : un nouveau défi pour le dialogue social
Selon la deuxième édition du rapport Humanis sur l’état du dialogue social en France, plus de 70 % des dirigeants et des salariés estiment que la transformation numérique est une opportunité pour leur entreprise, l’emploi et les conditions de travail. Une opportunité, mais également un défi à relever, notamment en termes de management et de dialogue social.
Quels sont les enjeux et les impacts, actuels et prospectifs, de la transformation numérique sur le dialogue social ?
C’est à cette question que s’est attaché à répondre le groupe de protection sociale Humanis dans un rapport basé sur des données statistiques, des entretiens avec l’ensemble des leaders syndicaux et patronaux, un travail de recherche et un sondage auprès de près d’un millier de chefs d’entreprise et plus de 1 000 salariés.
La qualité de l’information en question
La transformation numérique des entreprises est devenue un véritable enjeu du dialogue social : 72 % des salariés la considèrent comme un vecteur d’opportunités pour leur emploi et leurs conditions de travail, tandis que 41 % d’entre eux estiment qu’elle modifie les formes traditionnelles de management et de dialogue social.
Ce sujet majeur pose aussi au dialogue social une série de défis sur ses modalités. Les nouveaux outils (chat, réseaux sociaux d’entreprises, etc.) amènent à un partage d’informations foisonnantes et instantanées sans précédent, qui enrichit le dialogue informel au quotidien tout en requérant de nouveaux modes de régulation pour vérifier la qualité de l’information et l’articuler aux enjeux de la négociation contractuelle. C’est un environnement profondément nouveau pour le dialogue social, auquel ce dernier commence à s’adapter.
Une perception qui reste largement positive
Si le contexte national et médiatique du premier semestre 2016 a marqué les esprits, la perception globale, sur le terrain, du dialogue social est restée quasiment inchangée au vu du sondage. Sur les sujets propres à leur entreprise, les patrons et les salariés interrogés n’expriment pas de perception notablement différente entre septembre 2015 et septembre 2016. 62 % des salariés continuent de qualifier le dialogue social de « très bon ou plutôt bon » dans leur entreprise et 71 % se sentent « épanouis » dans leur travail.
Le dialogue social demeure donc globalement dynamique et constructif. En 2015, les accords interprofessionnels (52, en hausse de 86 %) et les accords de branches (1 042, en hausse de 10 %) ont été plus nombreux, comme le montrent les dernières statistiques synthétisées dans le rapport. Le nombre d’accords d’entreprise (36 600) est, quant à lui, resté stable, tout comme les situations conflictuelles au sein des entreprises, maintenues à un niveau historiquement bas.
Loi Travail : des effets limités sur le dialogue social
Le contexte de la loi Travail a eu des effets limités sur la perception du dialogue social sur le terrain. Alors que 80 % des chefs d’entreprise affirment que les partenaires sociaux des instances représentatives du personnel (IRP) sont « à l’écoute et constructifs », les salariés sont toujours une majorité (52 %) à exprimer leur confiance dans les IRP. Après les tensions provoquées par la loi Travail, tous aspirent à un dialogue social apaisé, les chefs d’entreprise (+7 points par rapport à 2015) comme les salariés (+5 points).