Banques et fintechs veulent simplifier l'ouverture des comptes en ligne
Les acteurs financiers et le gendarme des banques et des assurances réfléchissent à réduire le nombre de pièces justificatives à fournir, en misant sur les nouvelles technologies. L'objectif : simplifier les démarches pour les consommateurs, tout en assurant un niveau de sécurité maximum dans la lutte anti-blanchiment. La balle est dans le camp du législateur.
Une copie du document d'identité, un justificatif de domicile, un RIB, un bulletin de salaire ou encore un avis d'imposition : la liste des pièces à télécharger pour ouvrir un compte bancaire en ligne peut paraître longue et décourager plus d'un consommateur. A l'heure où la chasse aux clients fait rage dans le secteur bancaire, des banques et fintechs soutenues par les superviseurs encouragent donc la France à revoir réglementation pour simplifier ce type de démarche.
Le sujet était au coeur des débats d'un groupe de place piloté au printemps par le gendarme des banques et des assurances, l'Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) . Présentées au début du mois de juillet, les conclusions de cette assemblée réunissant des banques, des établissements de paiements, des spécialistes de la vérification d'identité ou encore des autorités publiques pourraient rendre l'ouverture d'un compte bancaire sur Internet moins fastidieuse, si elles étaient reprises par le législateur.
Des changements réglementaires à venir
Concrètement, l'espoir de certains professionnels est de ne plus avoir à demander à leurs clients autant de pièces justificatives qu'aujourd'hui en s'appuyant sur de nouveaux outils technologiques. Reste à convaincre le législateur. Celui-ci a toutefois de bonnes raisons de se pencher sur le sujet : la France doit transposer les dernières exigences européennes en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Des changements réglementaires sont donc attendus d'ici au début de l'année prochaine.
Technique, la question est cruciale pour la conquête de nouveaux clients. « Avec le développement commercial des banques en ligne et des Fintechs , soulignait d'ailleurs l'ACPR dans une publication récente. Les acteurs financiers français font par ailleurs face à la montée en puissance de néobanques étrangères, telles que Revolut et N26 qui ne se voient pas forcément appliquer les mêmes exigences pour l'ouverture d'un compte ou misent sur des outils tels que la vidéo. « Cela peut amener une distorsion de concurrence », fait valoir un représentant du secteur bancaire. Enfin, les Français qui ont des ambitions de conquête dans le reste de l'Union ont intérêt à avoir des solutions d'entrée en relation jugées pratiques partout en Europe.
Des solutions d'identité numérique
Toute la difficulté est d'offrir plus de fluidité aux clients sans pour autant sacrifier la sécurité. La France a fait de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme un cheval de bataille et mise pour une plus grande convergence des exigences des différents Etats Européens. Pour les superviseurs hexagonaux, il n'est donc pas question d'assouplir la réglementation. L'idée est plutôt de s'appuyer sur des technologies offrant un niveau de sécurité au moins aussi bon qu'à l'heure actuelle.
Parmi ces technologies, les solutions d'identité numérique très sécurisées suscitent de nombreux espoirs. « Là où aujourd'hui c'est à la banque, par exemple, de vérifier et conserver les pièces d'identité qui lui sont transmises, ce système permet aux clients de transmettre à la banque des informations qui ont déjà été vérifiées », explique Candice Dauge,directrice du programme identité numérique à La Poste.
La Poste propose déjà aux consommateurs de se créer une identité numérique pour simplifier ses démarches en ligne. Elle espère que la sécurité de sa solution, misant sur les postiers pour vérifier l'identité de ses utilisateurs, sera prochainement reconnue comme très sécurisée par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Ansii). La société française Ariadnext s'est aussi engouffrée dans la brèche et attend un feu vert de l'Ansii pour sa solution d'identification à distance (mobile connect et moi). Il y a un « intérêt énorme des banques pour l'identité numérique de niveau substantiel [c'est-à-dire reconnue comme très sécurisée] qui va vraiment simplifier la démarche d'ouverture d'un compte », estime son dirigeant Guillaume Despagne.
