Le climat social se tend dans le secteur bancaire
Selon une évaluation de la CFDT, les banquiers et les assureurs ont bénéficié de 13,5 milliards d'euros d'allègements de cotisations et d'impôts entre 2014 et 2018, sans contreparties suffisantes. Le dialogue se tend dans la banque alors que les nuages sur l'emploi s'accumulent.
Si elle n'est pas confirmée, l'éventuelle mise en vente par HSBC de son réseau français de banque de détail, jette un froid dans la profession. En creux, la crainte de voir ce réseau, s'il devait changer de main, subir une cure d'amaigrissement, comme l'ancien Barclays France (devenu Milleis Banque) depuis son rachat par le fonds Anacap. « Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a jamais eu de plans sociaux dans le secteur au sens industriel du terme, seulement des plans de départs volontaires, s'inquiète Luc Mathieu, secrétaire général de la CFDT Banque et Assurance. Il n'y a pas eu d'accident industriel majeur, ce serait quelque chose de nouveau ».
Or, le climat s'alourdit sur le front de l'emploi bancaire en Europe. Le bancassureur belge KBC a annoncé la semaine dernière vouloir supprimer 1.400 emplois. BNP Paribas supprime 500 postes en France dans sa filiale de services aux investisseurs. Société Générale coupe 1.600 postes et Deutsche Bank… 18.000. Les campagnes de fermeture d'agences alimentent aussi ce climat.
Peser sur l'agenda social
Dans ce contexte, la CFDT entend peser sur l'agenda social ces prochains mois : selon une évaluation commandée par le syndicat à trois cabinets d'experts (Syndex, Ethix et Sextant) travaillant régulièrement pour les représentants du personnel dans le secteur financier, les banques et les assurances aurait profité du « pacte de responsabilité » de François Hollande, sans offrir de réelle contrepartie, et alors même que le versement de dividendes (en montant) a, lui, augmenté. « Le sentiment que l'on a, c'est de la colère », insiste Luc Mathieu.
Agacement bancaire
Au total, selon ces calculs, l'ensemble des mesures prises en faveur des entreprises entre 2014 et 2018 se sont traduites par des économies cumulées de 9,7 milliards d'euros pour les banques et de 3,8 milliards d'euros pour l'assurance. Ces données ont été calculées à partir d'un panel et ensuite extrapolées à l'ensemble du secteur. Dans le même temps, reconnaît la CFDT le nombre d'embauches prévu dans l'accord de branche a été largement dépassé, relève le syndicat, sans empêcher l'emploi de se tasser. Mais d'autres objectifs n'ont pas été atteints, notamment dans l'insertion et dans la formation au numérique.
Une analyse qui a le don d'agacer côté bancaire. Outre l'atteinte des objectifs, « les banques sont parmi les plus gros contributeurs [impôts, charges et contributions, NDLR] », souligne la Fédération bancaire française (FBF). En particulier, « les banques contribuent pour environ 15,6 milliards d'euros d'impôts et prélèvements au titre de 2018, ce montant comprenant les impôts, taxes et contributions au FRU [fonds de sécurité européen alimenté par les banques, NDLR] et au fonds de garantie des dépôts », conteste la FBF.
lesechos.fr