Bien-être au travail : le temps presse
La crise sanitaire actuelle s’apparente à une crise RH majeure qui affecte le bien-être et l’engagement des collaborateurs. Avec la normalisation du télétravail, cette tendance risque de s’accentuer si les dirigeants ne s’emparent pas du sujet à bras le corps. (Par Julie Chane Ching, cofondatrice de Bloom at Work)
Après des mois de télétravail, l’engagement et la motivation des Français sont au plus bas et la souffrance au travail est réelle. Entre crise identitaire, quête de sens et angoisse de l’avenir, un salarié sur deux serait désormais en état de détresse psychologique d’après les récents chiffres du cabinet Empreinte Humaine, soit une hausse de 7 points par rapport au mois de mai 2020. Du côté des managers, le bilan n’est pas plus encourageant puisque 5 % d’entre eux seraient actuellement en burn-out. Un constat alarmant qui pousse les entreprises à remettre en question un mode de travail parti pour durer. D’aspirations au bien-être au travail pré-crise, les entreprises françaises se trouvent désormais confrontées à l’urgence de résoudre un mal-être ambiant et persistant.
Équiper les RH et les managers
Pour les directions des ressources humaines, le bien-être en entreprise est l’une des nombreuses missions à assurer. Souvent reléguée en bas de la liste des priorités, elle dispose de peu de visibilité et se mesure rarement. Pour les managers, c’est encore pire ! Alors qu’ils sont eux-mêmes confrontés aux maux du télétravail, ils doivent composer avec les attentes grandissantes de leurs équipes. Les collaborateurs attendent de leur part des directives claires, des paroles motivantes et un soutien sans faille. Mais comment être capable de délivrer ces messages sur fond d’une déshumanisation des échanges, de communications fragmentées et d’hyperconnectivité ? Le travail à distance menace l’indispensable lien social qui soude une équipe et cette tendance se conjugue à un accompagnement parfois trop distant des interlocuteurs RH, eux-mêmes accaparés par d’autres priorités. En somme, les managers se heurtent quotidiennement à des défis qui impactent directement la qualité de vie au travail de l’ensemble de l’entreprise.
Investir dans l’engagement des collaborateurs
Dès le début de la pandémie, la priorité des dirigeants a été de créer les conditions d’une reprise économique de l’activité. Il va désormais falloir miser sur le capital humain. Investir dans la QVT des salariés est une question de survie pour l’entreprise, car la motivation et l’engagement en chute libre des collaborateurs vont à l’encontre d’une relance pérenne et des objectifs de performance. Il s’agit de considérer cet investissement avec une ambition ROIste et d’y associer un budget et des ressources. Le simple fait d’initier cette démarche sera déterminant pour les collaborateurs. En investissant pour leur santé, leur motivation et leur bien-être, ils se sentiront considérés et valorisés.
Engager et motiver les équipes demande bien plus qu’un babyfoot. Cela implique des ressources ainsi que de véritables compétences managériales, à la fois hard et soft qui ne sont pas innées. Il faut démarrer par une phase d’acculturation forte, par la formation des RH et des managers, mais aussi par l’intelligence collective. En France, l’écosystème RH et QVT se structure avec des propositions de valeur variées et souvent complémentaires. Il faut créer des synergies pour répondre à ce besoin de sensibilisation et d’accompagnement. L’objectif : développer le niveau de maturité global des professionnels RH, dirigeants et managers sur les sujets d’engagement et de bien-être au travail.
Julie Chane Ching est cofondatrice de Bloom at Work.
/image%2F1500616%2F20210323%2Fob_9171a6_la-rubrique-d-opinion-des-echos.jpg)