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CFDT Crédit Agricole Languedoc

[Dossier] Climat, emplois : même combat

19 Novembre 2015, 00:06am

Publié par CFDT CA Languedoc

[Dossier] Climat, emplois : même combat

La Cop 21, pour quoi faire ? C’est un événement diplomatique majeur accueilli par la France et aussi l’une des plus grandes conférences jamais organisées sur le climat. La Cop  21, vingt et unième Conférence des parties sur les changements climatiques, réunira 196  pays fin novembre à Paris en vue de signer un accord mondial sur le climat. Que faut-il en attendre ?

 

Pourquoi la Cop 21 occupe-t-elle une place à part dans le calendrier de la lutte contre le réchauffement climatique ? D’abord, parce qu’il y a urgence. Ensuite, parce c’est à la France, pays hôte, que revient la responsabilité de faciliter l’aboutissement des négociations. C’est un rôle plutôt complexe puisque les décisions ne pourront être prises qu’à l’unanimité. Enfin, parce que, de l’avis de tous les experts, c’est une étape indispensable. Il n’y a pas d’alternative face au défi du dérèglement climatique sinon un accord ambitieux et contraignant qui s’appliquerait à tous les pays. Or, il n’y a pas eu d’accord mondial depuis 1997 avec le protocole de Kyoto. Cette convention, entrée en vigueur en 2005, fixait pour la première fois des objectifs de réduction des émissions de CO2. Elle arrivera à échéance en 2020. De plus, seuls les pays industrialisés étaient concernés, et les plus gros émetteurs, comme la Chine ou les États-Unis, ne l’ont jamais ratifié. Les signataires représentent donc aujourd’hui seulement 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

 

À Copenhague, dernière tentative en date pour aboutir à un consensus mondial, les négociations ont échoué, faute d’un accord avec la Chine et les États-Unis. Mais depuis, la mobilisation pour le climat a évolué : les États-Unis sont enfin moteur sur cette question, et les grands pays émergents, qui n’ont pas voulu s’engager en 2009, semblent mieux disposés. Après six ans de travaux préliminaires, tous les espoirs se tournent aujourd’hui vers Paris. On espère aboutir à l’issue de la Cop 21 à un accord contraignant qui intègre notamment un mécanisme de révision tous les cinq ans pour recalculer de nouveaux objectifs. Car au vu des déclarations des pays ayant déjà fait connaître les mesures qu’ils envisagent de prendre, on continue de dépasser les 2 °C d’augmentation maximale.

 

Tout est-il joué d’avance ?

 

Il existe un élément nouveau par rapport aux vingt précédentes Cop. Chaque pays a été invité à publier sa contribution en amont de la Conférence de Paris, soit les mesures qu’il s’engage à prendre en vue de réduire ses propres émissions de CO2 – par exemple, en modifiant ses techniques de production. Au début du mois d’octobre, outre l’Union européenne, qui parle d’une seule voix au nom des Vingt-Huit, 148 pays sur 196, couvrant environ 85 % des émissions mondiales, avaient déjà déposé leurs contributions. Toutefois, Nicolas Hulot, l’envoyé spécial du président de la République pour la planète, les juge insuffisantes.

 

Les négociations des « parties » auront lieu entre les cinq grandes régions du globe (Afrique, Asie-Pacifique, Europe de l’Est-Europe centrale, Amérique latine-Caraïbes, Europe de l’Ouest), mais une douzaine de coalitions de pays partageant des intérêts communs vont faire pression. Elles devront se prononcer sur les points de débat contenus dans le texte de l’accord final, un document de 55 pages, préparé en amont de la Cop, qui servira de support aux négociations. Et les sujets soumis aux débats sont nombreux.

 

Les points qui feront débat

 

Les contributions des États jugées peu ambitieuses ou imprécises seront discutées. L’objectif global de l’atténuation n’est pas non plus suffisamment défini : il y a actuellement beaucoup d’options sur la table concernant l’objectif global de long terme à atteindre : 2 °C au maximum ? Ou 1,5 °C comme le réclament les petits États insulaires particulièrement exposés ?

 

Les États devront s’engager sur le financement de l’adaptation au changement climatique (reconversions industrielles, rénovation du bâti, modernisation des transports, développement des énergies renouvelables, etc.). Là encore, on mise sur un préaccord afin d’éviter un échec. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a planché sur la question début octobre et annoncé 62 milliards de dollars : or le Fonds vert, qui doit permettre aux pays du Sud de s’adapter au changement climatique, prévoit un versement de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Là encore, on est loin du compte. Les négociateurs devront également revenir sur les sources de ce financement. Qui doit donner de l’argent ? Pour l’instant, ce sont les pays développés. Mais dans le groupe des pays en développement, il y a les riches comme les pays du Golfe, et d’autres pays comme la Corée du Sud et le Mexique qui n’ont, à ce jour, aucune obligation financière. Tout cela doit être débloqué à Paris.

 

La question de la mise en œuvre

 

L’ensemble des parties devra se mettre d’accord avec un système de transparence qui permette la collecte de données, sachant qu’actuellement les pays développés ont des obligations que les pays émergents n’ont pas, ce qui pose problème. L’autre enjeu de la transparence est la question de la « non-mise en œuvre », car, pour l’heure, ne pas respecter ses engagements n’entraîne aucune conséquence. Même avec l’accord le plus ambitieux, la question de sa mise en œuvre restera cruciale, et le chemin à parcourir très long.

 

La Cop 21 ne sera pas un coup de baguette magique qui changera le monde mais, on l’espère, une étape décisive pour un nouveau modèle de développement de nos sociétés. 

cnillus@cfdt.fr

 

 

“ L’environnement doit être intégré à toute négociation ”
 

Marylise Léon HD2

 

Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT

Propos recueillis par dblain@cfdt.fr

 

Quels enjeux revêt la Cop 21 pour la CFDT et le syndicalisme ?

La CFDT a deux missions : accueillir le mouvement syndical international, car c’est lui qui sera acteur dans le processus de négociation, et mobiliser toute l’organisation – militants et adhérents – mais aussi les citoyens. Sur les enjeux, il s’agit pour nous d’expliquer aux citoyens en quoi ils sont concernés par le changement climatique et aux salariés qu’ils sont impliqués par les transitions professionnelles à venir. Les travailleurs du monde entier ne peuvent pas être uniquement la variable d’ajustement et le syndicalisme être là seulement pour gérer les conséquences sociales. L’idée est de réaffirmer que l’emploi est une des conditions de la réussite d’une transition juste. Les salariés vont voir leur métier, leurs qualifications, leurs compétences évoluer. Nous devons les y préparer.

 

Comment expliquer aux salariés que l’environnement n’est pas l’ennemi de la croissance ?

Souvent les employeurs parlent de l’environnement comme d’une contrainte fiscale ou réglementaire. Or, dans l’industrie, secteur qui a le plus réduit ses émissions de gaz à effet de serre, ces contraintes ont poussé les acteurs vers l’excellence technologique. L’environnement peut donc aussi être une opportunité. L’approche climatique globale ne repose pas que sur la protection de l’environnement ou de la biodiversité. Ce sont aussi des enjeux cruciaux tels que l’accès à l’eau pour tous et nourrir la planète. La question qui nous est posée est de savoir comment l’on génère une croissance adaptée à la transition, créatrice d’emplois, et avec quels moyens. Ce n’est pas qu’une question environnementale. Elle est aussi sociale, sociétale, économique.

 

Comment intégrer la question de l’environnement dans le dialogue social ?

L’environnement doit être intégré à toutes les négociations et audispositif d’information-consultation des comités d’entreprise, sur le point d’évoluer. Il comprendra dorénavant trois temps : les orientations stratégiques, la situation économique et la politique sociale. Il est donc aujourd’hui possible d’interroger l’employeur sur la question énergétique, l’approvisionnement en matières premières ou la performance énergétique des bâtiments. Dans les entreprises, négocier un plan de déplacement collectif des salariés, c’est intégrer l’environnement au dialogue social.

 

Les investissements socialement responsables peuvent-ils contribuer à des avancées vers une transition juste ?

La finance constitue un levier très puissant de transformation de la société. Tournée vers l’intérêt général, elle pourrait soutenir les transformations énergétiques et numériques. Aujourd’hui, la finance devrait intégrer des critères extrafinanciers, environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), en plus des critères économiques. Pour nous, l’épargne salariale, la retraite, la prévoyance doivent être fléchées vers des investissements socialement responsables (ISR). Il faut bien comprendre que les ISR sont rentables. Si on les oriente progressivement vers des activités décarbonées, on peut réussir la transition juste. Un désengagement des investisseurs des industries traditionnelles peut conduire les entreprises à changer leur stratégie. Enfin, à titre individuel, on peut aussi demander à placer son épargne sur des fonds investis dans des activités décarbonées.