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CFDT Crédit Agricole Languedoc

Crédit Agricole lance une offensive de charme auprès de Banco BPM

13 Avril 2022, 06:59am

Publié par CFDT CA Languedoc

Un an après son acquisition de Creval, la banque française a acheté 9,18 % du capital de Banco BPM. Elle n'a pas sollicité les autorités pour franchir le seuil de 10 % du capital, mais se dit prête à renforcer son partenariat existant avec la troisième banque italienne.

Crédit Agricole lance une offensive de charme auprès de Banco BPM

Le secret avait été bien gardé. Crédit Agricole a annoncé jeudi soir avoir acquis « à la suite d'achats sur le marché et d'une opération avec un établissement financier de premier rang », une participation de 9,18 % dans le capital de Banco BPM. Peu après, la troisième banque italienne a expliqué « avoir appris » le soir même l'opération, qui n'était pas « coordonnée » avec le géant mutualiste, et dont il salue « la qualité et l'importance ».

Un an après son acquisition de la banque régionale Credito Valtellinese (Creval) pour 855 millions d'euros, Crédit Agricole repasse ainsi à l'offensive en Italie, en mettant un pied au capital de cet établissement très courtisé, alors que la consolidation bancaire reste inachevée dans le pays. Sur la base du cours de jeudi soir, la participation de Crédit Agricole au capital de la troisième banque italienne représente un investissement de 383 millions d'euros.

En agissant aussi discrètement, le groupe mutualiste a tout d'abord évité de payer trop cher. De fait, une fois connue l'opération vendredi, le cours de Banco BPM s'est enflammé pour finir la séance en hausse de 10 %.

Le « soft power » de Crédit Agricole

 

Surtout, en s'invitant au capital, Crédit Agricole veut faire usage de son « soft power » auprès de la banque italienne. Même s'il devient de fait le premier actionnaire du groupe (la majorité du capital étant flottant, ou détenu par des fondations), il n'a pas sollicité de poste d'administrateur, et ses 9,18 % ne lui confèrent pas non plus de minorité de blocage.

« Il s'agit d'un geste d'appréciation à l'égard d'une entreprise qui démontre de bonnes performances. C'est un soutien pour le management. C'est positif et constructif », assure Jérôme Grivet, directeur général adjoint de Crédit Agricole SA.

Ainsi, sur le papier, le géant français n'aurait certes pas les moyens de s'opposer au scénario du mariage de Banco BPM avec une autre banque italienne . Mais cette dernière devrait tout de même y réfléchir à deux fois avant de se lancer face au puissant groupe mutualiste. D'autant que Crédit Agricole y a des intérêts à protéger : Agos (détenu à 61 % par Crédit Agricole SA et à 39 % par Banco BPM) est le numéro trois italien du crédit à la consommation. Le groupe français pourrait aussi se poser comme recours en cas de tentative de prise de contrôle non sollicitée de Banco BPM par un concurrent italien, alors qu'UniCredit a déjà fait connaître dans le passé son intérêt.

L'avenir de la relation

 

En attendant, l'offensive de charme de Crédit Agricole porte sur l'avenir de sa relation d'affaires avec le groupe italien : dans un horizon assez proche, Banco BPM pourrait être amené à se chercher de nouveaux partenaires dans le domaine de l'assurance. Elle chemine pour l'heure avec Covéa, via deux coentreprises, leur partenariat ayant été prolongé jusqu'au 31 décembre 2023, avec une possibilité d'extension à fin 2028. De même, un autre partenariat en assurance, cette fois avec Cattolica, pourrait s'achever en 2023, au plus tard fin 2024.

De quoi attirer l'attention de Crédit Agricole, qui cherche à la fois à poursuivre son développement en Italie - devenu son deuxième marché domestique après la France - et à y dérouler son modèle industriel : se servir des réseaux bancaires (en propre ou ceux de partenaires commerciaux) pour distribuer les produits conçus dans ses « usines », qu'il s'agisse notamment de gestion d'actifs (Amundi) , ou de contrats d'assurance. Se trouver au capital de Banco BPM donnerait donc un coup d'avance au français dans la perspective d'éventuelles discussions.

Reste une grande inconnue : le groupe mutualiste pourrait-il à terme pousser son avantage, en passant la barre des 10 % au tour de table, voire en prenant le contrôle de Banco BPM ? Cela permettrait au géant français de peser selon les analystes 10 % du marché bancaire italien, contre 5 % aujourd'hui via Crédit Agricole Italia.

Séduisante, l'hypothèse romprait en tout cas avec l'histoire récente du groupe, qui a multiplié les opérations de petite taille, plus simples à intégrer, avec une présence marquée dans le Nord de la Botte. Cela lui a permis au fil des années d'occuper la place de sixième réseau bancaire italien.

Les Echos